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Par Hélène Richard-Favre
Le désintérêt parfois relevé pour la politique pourrait, peut-être, s’expliquer par l’opportunisme qui anime nombre de personnalités habitées par le goût du pouvoir avant tout et à n’importe quel prix, fût-il celui de changer d’avis au gré d’intérêts personnels.
Prenez, par exemple, la France et ses ministres qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour dire parfois pis que pendre du Président actuel et ensuite sans broncher et qui sait, avec courbettes en sus, accepter les ministères que ce même homme conspué leur proposait de diriger.
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Je songe surtout à Bruno Lemaire et à Rachida Dati.
Dans ce sens, cet article de l’AFP repris sur le site de la RTS cite le tacle qu’aurait adressé Dominique de Villepin à Emmanuel Macron. C’est oublier comment il avait soutenu le candidat de l’époque, totalement inconnu et comment il en avait dit le plus grand bien.
Le second a-t-il déçu le premier avec lequel, pourtant, il se disait être en étroite relation ? peut-être…
Quoi qu’il en soit, pour la loyauté, il faudra repasser sauf à considérer qu’en politique française, en l’occurrence, ce soit monnaie courante. Certes, les temps changent, certaines prises de position s’y conforment et une erreur d’appréciation demeure concevable.
Mais pourquoi, dans ce cas, ne pas la reconnaître plutôt que de faire comme si ce qui avait été dit était sans valeur ? Car, en définitive, les girouettes se discréditent. Et leur propos se modifiant au fil du temps et de leurs intérêts propres expliquent en grande partie pourquoi le peuple qui est censé voter se détourne des urnes.
Bon nombre de citoyens et de citoyennes n’ont pas la mémoire courte.
De Dominique de Villepin, les souvenirs varient. Si l’homme séduit par sa culture, par son langage, par sa posture qu’il veut rassembleuse, en 2012, il a toutefois échoué. Qu’en sera-t-il dans cette deuxième tentative de création de parti, l’avenir le dira.
J’ai suivi l’ancien Premier ministre ou comment dire, l’ancien fondateur de « République Solidaire », parti dont la création avait été célébrée le 19 juin 2010 par un grand rassemblement. C’était à Paris, à la Halle Freyssinet, le moment me reste inoubliable.
Difficile, dès lors, de rester indifférente à l’annonce de la création d’un nouveau parti par Dominique de Villepin. L’homme a mûri, aurait beaucoup « réfléchi », le fait est que le candidat « Républicain Solidaire » de l’époque n’avait pas obtenu les cinq cents parrainages requis pour se présenter à l’élection présidentielle de 2012.
Et que toutes celles et tous ceux qui s’étaient tant investis se sont retrouvés largués en rase campagne.
Souhaitons aux nouveaux fidèles de ne pas recevoir de lettre, comme nous autres en 2012, dans laquelle Dominique de Villepin informait qu’il avait été « empêché ».
Que souhaiter au futur potentiel nouveau candidat Villepin et à ses troupes, sans doute nouvelles aussi ? Succès, bien sûr mais pas trop d’amertume si d’aventure la campagne les laissait en rade.
Quoi qu’il en soit, les commentaires qui suivent les articles consacrés à l’ancien Premier ministre ou les interviews qu’il accorde à gauche et à droite ne sont certes pas tous enthousiastes, même si le Président d’honneur de « La France Humaniste » jouit d’une grande popularité selon les sondages qui le placent en très bonne position de l’opinion publique française.
Je n’ai pas lu son dernier ouvrage. J’en ai parcouru des comptes-rendus et je retrouve les thèmes qui nous avaient tant séduits, nous autres qui avions adhéré à son mouvement devenu parti avant de partir dans les décors.
Si la déception avait été grande, elle n’avait pas attendu l’échec de la campagne pour infiltrer les rangs de feue « République Solidaire ».
Dominique de Villepin est un homme de grande culture mais il est diplomate avant d’être politicien.
Et s’il déplore l’inaction sinon l’impuissance de la diplomatie ET de la politique au profit de la force, il est évidemment loin d’être le seul. Hélas, le jour où la solidarité qu’il appelle de ses vœux sera reine, le monde ne sera plus le monde.
Constat pessimiste ? Non, réaliste, à mon humble avis.
Dans ce sens et lors d’un échange que nous avons eu, le géopolitologue et directeur de la rédaction du Diplomate média, Roland Lombardi, m’a fait part de son avis sur l’ancien Premier ministre. Le voici :
« Dominique de Villepin, c’est certes une silhouette, une voix, une prestance. L’homme a indéniablement de l’allure, du charisme et du verbe. Son seul véritable fait d’armes reste ce discours lyrique à l’ONU en 2003 contre l’intervention américaine en Irak, discours certes brillant… mais rédigé, rappelons-le, par un certain Bruno Le Maire. Un geste de panache, certes, mais sans lendemain… car nous avons vu la suite…
Villepin n’a ni relais, ni troupes : Villepin combien de divisions ? À droite, il n’a jamais rassemblé — bien au contraire. Il a parfois fasciné mais aujourd’hui il est carrément détesté et à mon sens à juste titre. Progressiste mondain égaré dans un monde politique rugueux, il incarne cette droite hors-sol, bourgeoise, technocratique et totalement déconnectée des réalités populaires et même internationales, qui sont soi-disant le domaine de cet ancien diplomate : il n’y a qu’à voir ses positions sur la guerre en Ukraine et la Russie ! C’est d’un irréalisme déconcertant et d’une mièvrerie trop entendue jusqu’ici. Ses postures sur le Moyen-Orient — proches de celles de LFI ou teintées de complaisance envers les Frères musulmans — sont consternantes. Mieux, lorsqu’un homme politique, en France, aujourd’hui en 2025, est interrogé par une journaliste sur une chaîne d’info afin d’avoir son avis sur les fillettes voilées ou le burkini et qu’il répond tout gêné qu’« il n’est pas couturier », c’est soit un lâche, un idiot ou qu’il a des sponsors/maîtres qu’il ne veut pas froisser… C’est ce qui fait dire à beaucoup qu’il entretiendrait des liens d’intérêts avec un certain petit pays du Golfe bien connu pour être le dernier soutien financier de l’organisation des Frères musulmans hautement plus dangereuse que Daesh ! Jamais élu, toujours nommé, Villepin est un produit chimiquement pur de l’énarchie. Ministre, diplomate, Premier ministre… mais sans sens politique réel. On lui doit même, indirectement, la catastrophique dissolution de 1997. En somme, un esthète de la parole, pas de l’action ; un « aristocrate » du verbe, pas du réel… ».
L’homme ne fait pas l’unanimité, c’est une évidence.
Pour ma part, je reste sur la réserve. J’observe qu’il est difficile de faire l’impasse sur la soudaine popularité du Président d’honneur de « La France humaniste », nom de son nouveau parti qui apparaît presque comme un clin d’œil à « La France insoumise ».
Car les clivages qui se profilent ne sont plus de l’ordre « gauche-droite » mais d’ordre identitaire.
Raison pour laquelle Jean-Luc Mélenchon peut reconnaître et respecter Dominique de Villepin comme il l’a déclaré récemment. Raison aussi pour laquelle celui-ci a été invité à la « Fête de l’Humanité » l’an dernier…
L’homme peut encore séduire. Pour quel avenir, telle est vraiment la question.
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